Linguistes   et  lecture du rongorongo

Par Lorena Bettocchi

 

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Chapitre IV

Histoire, épigraphie et  tentatives de décryptage 

1954-1958 :   Thomas Barthel  en épigraphie

 

Le scientifique allemand Thomas Bathel, recteur de l’Université de Tübingen,  fut passionné par le rongorongo. Il visita tous les musées qui détenaient les tablettes, créa un  catalogue  de chaque objet et un répertoire des signes.

Mais il faut absolument revoir ce dernier car  il déstructure l'essence du rongorongo.   Le CEIPP de Paris s’est penché sur un classement par familles de signes et par frequence.  A ce jour il est presque achevé. Plus de sept ans de travail à raison d’une réunion toutes les semaines ont été nécessaires à ce groupe qui a travaillé honoris causa.

 

Barthel recherchait une lecture : son  intention était probablement d’attribuer une valeur à un signe ou à un segment et de transposer cette valeur dans toute la gamme. Le rongorongo fonctionne comme les antiques écritures chinoises. Il est beaucoup plus complexe que cela.  Barthel reste néanmoins notre professeur à tous, un maître pour son époque, notamment en épigraphie. Il nous a ouvert la voie avec une rigueur et une honnêteté  remarquables,  principalement en ce qui concerne les manuscrits des Old Ones, dans lesquels il entrevit  la méthode de travail des Rapanui, sans pour autant l’expliciter et en ce qui concerne les pierres gravées d’écritures, qu’il estima très vite être l’objet de contrefaçons, mais à ce sujet il fut fort précis et m’ouvrit la voie sur tout le dossier sur les pierres. Nous lui devons le dessin de chaque signe (son répertoire ne contient que 7% d’erreurs), la beauté, les proportions. Il reconnut 24 objets classiques grâce à ce catalogue et créa le répertoire ou Corpus Inscriptonium Paschalis Insulae en Items ou objets  A, B, C, D jusqu’à X.

barthel-mamri.jpgEn relevant les hiéroglyphes de la tablette C dite  Mamari -en sémantique "œuf" ou mieux "de forme ovale"- car elle est bien ovale, Barthel fut le premier  qui pensa  y découvrir  un calendrier lunaire (archives du CEIPP).

Mais en réalité, on ne peut se borner à cette recherche (exhaustive pour Jacques Guy) car la représentation des lunes peut représenter un mois et tous les évènements qui astronomiques qui peuvent se produire durant plusieurs mois.  Il  suffit pour cela de voir à quel point le langage des astronomes polynésiens était avancé en traditions et enseignements : navigation ou observations astronomiques, savoir-faire agricole, observations des rituels…

Allez à la page des astronomes… et découvrez la fabuleuse tablette Mamari

 .

Epigraphie, histoire, sémantique

Jacques Guy, linguiste, membre du CEIPP

 

Le site www.rongorongo.org  était celui de Jacques Guy, linguiste hautement diplômé  qui  confirme  les dires de Thomas Barthel qu’il a découvert un jour dans les archives du CEIPP.  Jacques Guy a publié ses recherches au sujet du calendrier lunaire sur la revue Rapanui Journal. Pourtant prudent en matière de décryptage, il présente des signifiants auxquels correspondent des signifiés   avec parfois, ce sont ses propres paroles  des  quasi-certitudes. 

J’ai eu un échange de correspondance avec Jacques Guy par e.mail car à cette époque je ne correspondais pas encore avec Dominique Proust du CNRS et je ne comprenais pas toujours ses  conclusions en astronomie. J’ai eu, fort aimablement de sa part ces réponses :

 Question : Monsieur Guy  communique  sur son site « The groups in red with the fish coming up would merely mean « waxing » and those with the fish comin down « waning ». S’agissant de waxing et wanning relatant  les phases de la lune, j’aimerais que Monsieur Guy nous fasse connaître les travaux préalables qui l’ont conduit à ces positions et comment peut-il y rencontrer ces seules significations. Et s'agissant de l'écriture de la tablette Mamari, à quelle époque ?

Réponse de  Jacques Guy :  "To wax", en astronomie, c'est "croître", "to wane" c'est "décroître". "Waxing moon" c'est la lune croissante ou montante, "waning moon" la lune décroissante ou descendante.

Question :  Jacques Guy devrait nous préciser s’il s’agit  de révolutions sidérales (27 jours 7 heures et 47 minutes) ou de révolutions synodiques (29 jours, 12 heures et 44 minutes) ou de la moyenne des deux puisqu’il calcule et cite une période  de 28 jours. Sur quelles données en astro-physique (espace et temps) se base t-il ?

Réponse de  Jacques Guy : Sur le mois synodique, bien sûr. Les phases de la lune  sont déterminées par sa position par rapport au soleil  et par définition, le mois synodique est le temps  entre deux passages de la lune au même endroit par rapport au soleil. Quant au mois sidéral, c'est la  même chose, par rapport non pas au soleil, mais à un point fixe de la voûte céleste. Plus exactement parlant, par rapport à la longitude du point (ou du soleil) puisque l'orbite lunaire est légèrement inclinée par rapport au plan terre-soleil. Le mois sidéral ne peut servir qu'à prédire le passage de la lune par rapport à une étoile ou une constellation.

Il est fort dommage que Jacques Guy, spécialiste de langues orientales n’ait pas ouvert en sémantique en nous offrant plus de signifiés sur cette tablette mamari.  A l’époque où je l’avais contacté je regrettais qu’il se fût arrêté en si bon chemin.

Encouragée par Mgr Leclea’h- tout comme Imbelloni en 1954- nous préconisons que la structure morphologique du rongorongo se rapproche des écritures archaïques chinoises.

Affaires à suivre sur la structure

 et sur la tablette Mamari sur laquelle je communique avec  un  astro-physicien du CNRS.   

 

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Epigraphie, histoire des tablettes et interprétations

Monsieur  Steven Fisher, linguiste, différentes hypothèses

Et Lorena Bettocchi,  en opposition

 

 

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